zen, kamikaze, geisha... Tous les jours, ces mots sont utilisés dans un sens autre que celui qui leur est propre dans la langue et la culture japonaise.
Chaque jour, les médias, les films et nos discussions véhiculent tout un tas de stéréotypes et d'a priori sur le Japon, les Japonais et la culture japonaise. Dans cette rubrique, nous nous proposons d'en déconstruire quelques uns.
Si vous aussi avez connaissance de certains d'entre eux et souhaitez contribuer à redonner leur sens original aux mots..., cette page est pour vous !
Le texte ci-dessous a été adressé aux rédactions de différents journaux français.
Les journalistes emploient régulièrement le mot kamikaze pour désigner les attaques suicides perpétuées par des islamistes ; ce mot ayant été retiré de son contexte historique, je crains que le sens en soit perdu et que son utilisation soit inadaptée.
Ce mot japonais désigne selon la traduction habituelle le « vent divin » qui sauva l’archipel de l’invasion mongole au 13ème siècle, puis il a été repris en 1944-45 pour parler des groupes spéciaux d’attaques, les tokkotaï qui devaient empêcher les Américains d’envahir le Japon. Ce terme kamikaze n’a pas été utilisé pour d’autres circonstances..
Ainsi en 1932, à Shanghaï, trois soldats japonais sont morts volontairement en portant une charge explosive contenue dans un bambou afin d’ouvrir une brèche dans des barbelés posés par des militaires chinois ; ces soldats sont dénommés, au sanctuaire Yasukuni de Tokyo, Nikudan « balle de chair » mais pas kamikaze.
L‘aspect religieux du mot kamikaze, souvent omis, n’en est pas moins important, puisqu’il se rattache au shintoïsme, la « voie des Dieux », qui est une religion polythéiste.
Ces aspects historique et religieux montrent que ce terme ne peut correspondre à la mort volontaire que se donnent les musulmans pour affirmer leur foi en un Dieu unique.
Ces hommes ou ces femmes qui meurent en faisant couler le sang de personnes qui ne partagent pas leur foi se considèrent comme des martyrs, traduction du mot arabe shahid. Ce dernier mot ne pourrait-il pas alors remplacer dans les médias celui de kamikaze ?
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