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Photo du rédacteurMariama Sylla

Les 2 Yannick, "A l'origine de notre exposition photographique - Hajimemashite"


Yannick ANTHONY

A l'occasion de leur "Hajimemashite", les deux photographes Yannick ANTHONY et Yannick AVILA se rappellent de leur premier séjour au Japon, à l'origine de leur exposition.


Un rêve éveillé, c'est un peu de cette façon que j'ai vécu mon premier voyage au Japon, il y a déjà quelques années de cela. Depuis l'enfance, je nourrissais en effet un attrait pour le Japon et sa culture. Au fil du temps, mes contacts avec divers aspects de la culture japonaise ont été, ensuite, plus fréquents : jeux vidéo, arts martiaux, nourriture, musique... ; ce qui m'a naturellement amené à vouloir me rendre au Japon.

C'est la sortie du livre « Japon », du photographe et reporter David Michaud et sa rencontre en 2009 qui finiront par me convaincre de 2 choses : 1 J'irai au Japon 2-Je ferai de la photographie. La même année, je faisais l'acquisition de mon premier appareil, un reflex Pentax KX. En 2012, je me décidais enfin à faire le voyage tant attendu en passant 3 mois sur le sol japonais. 3 mois, je jugeai en effet cette durée nécessaire pour m'imprégner au mieux de la culture japonaise. De mai à août, voyageant principalement en solo, je me suis donc rendu dans une dizaine de villes dont Kobe, Osaka, Kyoto, Nagoya, Fujiyoshida, Tokyo, Aomori....chaque lieu apportant son lot quotidien d'expériences et de rencontres. J'ai découvert le japon avec l’émerveillement et la curiosité d'un enfant.

J'ai appris à vivre le Japon au travers de choses simples : aller au onsen du coin, manger un ramen ou faire ses courses au konbini à 2h du matin, assister aux hanabi ou aux matsuri dans la chaleur estivale. Gravir le mont Fuji et contempler le lever du soleil en étant au-dessus des nuages est un souvenir symbolique que je ne suis pas prêt d'oublier. Assister au Nebuta Matsuri à Aomori a été une belle et drôle d'expérience pendant laquelle j'ai passé une semaine à dormir dans la rue (tous les hôtels de la ville étant complets), à suivre les différents défilés de ce festival et rencontrer différentes personnes chaque jour. Sur un plan plus spirituel et personnel, passer 12 jours au sein d'un temple bouddhiste à méditer fut une expérience intense et enrichissante.

Ce sont ces moments singuliers et bien d'autres qui ont contribué à ce que cette première rencontre avec le Japon dépasse largement mes attentes. Au bout de 3 mois, j'en étais même arrivé à me sentir chez moi, même si, à mon grand dam, mon japonais ne dépassait pas le cadre des phrases de survie (commander à manger, demander son chemin...).

Depuis ce premier voyage et en attendant le jour où j'y retournerai, je m'efforce de faire vivre ces souvenirs en partageant cette expérience autour de moi, notamment à travers la photographie et les clichés que j'ai pu ramener.

C'est donc pour moi un réel plaisir, 5 ans après ce premier voyage d'avoir pu faire aboutir le projet d'exposition photographique « Hajimemashite », sur la thématique du Japon, avec mon ami photographe Yannick AVILA.



La mémoire humaine reste, à mes yeux, quelque chose d’assez phénoménale. On arrive à se souvenir avec grande précision de certaines situations passées tandis que d’autres moments tombent à jamais aux oubliettes.

Certaines passions s’ancrent en nous sans que l’on ne sache trop pourquoi alors que d’autres ont une date de début assez précise, la date du coup de foudre. La genèse de ma passion pour le Japon et sa culture appartient à ce deuxième groupe. Encore très jeune, je visitais avec mes parents le quartier japonais de ma ville natale, São Paulo, au Brésil. Ce quartier, nommé “Liberdade” (Liberté, en portugais), demeure encore aujourd’hui l’un des centres de la communauté japonaise de São Paulo. Je me souviens encore de mes premiers pas dans ce quartier. Je remarquais tout de suite une atmosphère différente, voire étrange, définitivement envoutante. C’était peut-être dû à la forme particulière des lampadaires différents du reste de la ville, ou encore du fait des caractères particuliers qui jonchaient les façades des magasins et des restaurants, ou peut-être était-ce aussi l’odeur enivrante des yakitori et autres tempura de la foire qui avait lieu en ce samedi midi ensoleillé.

Après avoir gouté quelques spécialités en guise d’apéritif, nous sommes entrés dans un restaurant typique pour attaquer le repas principal de la journée. Chaussettes, coussins, bols, baguettes et table basse, ce repas ne ressemblait à aucun autre. Je dévorai un sukiyaki dont le goût et l’odeur me semblent encore limpides presque un quart de siècle après les avoir sentis pour la première fois. En rentrant à la maison, j’annonçais à mes parents: “J’irai un jour au Japon et je parlerais japonais”. Promesse pour l’instant à moitié remplie. Mon Nihongo (japonais) demeure encore très basique, mais j’ai finalement réalisé mon rêve de me rendre au Japon. J’y suis finalement allé visiter un être cher à mon coeur, aujourd’hui mon épouse, justement issue de la troisième génération (“sansei”) des fondateurs du quartier qui m’avait tant impressionné dans mon enfance. Coïncidences de la vie n’est-ce pas?

En décembre 2013, j’embarque enfin pour le Japon. Un conseil bien avisé me résonnait régulièrement dans la tête: “Enregistre toutes tes premières impressions, il n’y a rien de plus éphémère que le premier regard, tu ne verras plus jamais le Japon de la même manière”. Cela tombait bien : depuis mon premier contact avec le pays du Soleil Levant, je développais une nouvelle passion pour la photographie. Mon appareil photo serait constamment à mes côtés pour enregistrer cette première rencontre avec le Japon. Et j’étais sûr de garder une trace de ce premier regard si jamais ma mémoire décidait de me jouer des tours, de sorte à ce que mes souvenirs ne s’enregistrent pas aussi clairement que par le passé. C’est en voyant les premiers Kanji à l’aéroport que je comprends que mon rêve est en train de se réaliser. Les contrôles frontaliers et douaniers effectués (avec une efficacité remarquable), je retrouvais ma chère et tendre à la sortie de l’aéroport, avant de nous diriger vers notre hôtel à Tokyo.

Un voyage au Japon est passionnant, non seulement parce que c’est un pays magnifique et doté d’une culture riche et profonde, mais également aussi parce que nous y éprouvons régulièrement des chocs culturels intenses qui nous remettent en question. Dans le train qui nous emmenait à Asakusa, une des villes qui composent la mégalopole Tokyoite, et malgré la fatigue du voyage et l’heure tardive de mon arrivée, je restais quand même très éveillé par l’excitation de la découverte. Au moment de jeter un coup d’oeil au journal de mon voisin, mauvaise habitude acquise dans le métro parisien, j’éprouvais un premier choc. Au Japon, je suis analphabète ! Première délicieuse remise en question, dès les premières heures de mon périple. Le soir même, souffrant du décalage horaire, mon estomac réclamait un dîner alors qu’il était 4 heures du matin. Ma future épouse m’emmena donc dîner dans un de ces restaurants 24h/24h de Tokyo, rempli de monde à ma grande surprise. Tokyo n’est pas Paris, dans le sens où elle ne s’arrête jamais. Enfant d’une grande ville, São Paulo et ses 12 millions d’habitants, j’étais content de retrouver cette frénésie à l’autre bout de la planète.

Le lendemain, l’aventure photographique commença. Testant la patience de ma compagne, je mitraillais tout. Mes sens étaient éveillés comme ils ne l’avaient jamais été auparavant, et mon envie photographique se retrouvait décuplée par cette inspiration soudaine et la volonté d’enregistrer ces premiers moments. Etant en plein dans les festivités de fin d’année (Oshôgatsu), les temples bouillonnaient de gens venus prier et se purifier pour commencer la nouvelle année du bon pied. Autant de belles rencontres et opportunités photographiques qui se présentaient à moi, et l’occasion de tenter d’absorber un peu plus de la culture locale. L’exploration débuta par Tokyo. J’arpentais les avenues de la moderne Shinjuku jusqu’aux allées tranquilles de la paisible Yanaka, et découvre une ville presque schizophrénique balançant entre modernité et tradition. Au milieu gratte-ciels aux couleurs métalliques, l’on retrouve des parcs, des lacs, des oasis de tradition et de tranquillité qui servent de sas de décompression au rythme effréné de la capitale nippone.

Après quelques jours passés à explorer Tokyo, j’ai eu l’opportunité de visiter d’autres villes japonaises. D’abord Kyoto (sans oublier de passer par Nara), l’ancienne capitale, avec ses magnifiques temples et la sensation d’être dans une ville à taille plus humaines, puis la chaleureuse Osaka qui se distingue par sa cuisine et la personnalité de ses habitants, avant de terminer mon premier court périple par la petite ville de Toyohashi, où mon épouse résidait, et découvrir le chant des cigales dans les champs de riz au coucher du soleil.

Ces premiers regards ont été immortalisés, et je vous invite donc à voyager au Japon avec moi lors de l’exposition Hajimemashite, où je croise mes premiers regards sur le Japon avec mon ami Yannick Anthony.


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