A la fin de l’été 2013, je reçois un appel de Stéphane Korb, qui souhaite me présenter son projet d’édition d’ouvrage sur le Japon. Septembre étant chargé et son projet finalisé en fin d’année, je lui suggère de reprendre contact à ce moment. A cette période plus calme, je pourrais présenter son ouvrage dans le cadre de notre Wiki Japon et de notre lettre d’information.
Fidèlement, Stéphane revient vers moi début décembre et nous échangeons autour d’un format de présentation de son projet et de son ouvrage, qui vous donnera envie de vous le procurer et de le lire.
• Quartier Japon : Quel est votre projet d'édition ?
o Stéphane Korb : C’est un projet assez ambitieux puisque Mémoires d’Artistes Editeur lance une collection et « Japon : Carnet de voyages » sortira fin septembre 2014.
• QJ : C’est votre premier ouvrage ?
o SK : Non, j’ai publié « Esprits d’Australie sur les pistes d’Australie » sorti en 2000 chez un éditeur du sud de la France et qui était le récit vivant de voyages mouvementés en Australie. Puis, en 2011, j’ai publié chez un éditeur parisien « Yves Montand » sur le dernier concert d’Yves Montand à l’Olympia en 1981. Les deux étant des livres très fortement illustrés de photographies.
o QJ : Pourquoi changer d’éditeur ?
Dans les deux cas, le contenu était bon mais le travail éditorial et commercial fait par les éditeurs était bien en dessous de leurs promesses et de mes attentes. Pour « Japon : Carnet de voyages », j’ai cherché à faire un livre avec une plus petite structure qui me donne satisfaction sur le contrôle des étapes et la possibilité que « Japon : Carnets de Voyages » soit un très beau livre. L’association Mémoires d’Artistes et son pôle édition m’apportent ce que je souhaite.
• QJ : Pourquoi écrire et sortir un livre sur le Japon, quand il y en a déjà de nombreux ?
o SK : A moins de penser que le monde va s’arrêter de tourner, il y aura dans le futur encore de très nombreux livres sur le Japon, comme il y en a déjà eu beaucoup par le passé et, à mon avis, ce n’est pas une raison pour ne pas sortir un projet sur le Japon. Donc les questions qui se posent sont de savoir si le projet apporte quelque chose de neuf ? Est-il intéressant ? Qu’est-ce qu’en pensent les personnes à qui je montre la maquette ? Les photos sont-elles suffisamment bonnes et variées pour faire 190 pages ? Mon point de vue est-il novateur ? Mais surtout, suis-je moi-même persuadé ? J’ai obtenu la réponse à la plupart de ces questions et j’ai voulu aller plus loin.
o QJ : Pourquoi le publier en 2014 ?
Pour deux raisons. La première, c’est qu’en 1615, Tsunenaga Hasekura, un samouraï japonais envoyé à Rome par son suzerain le daimyo Masamune Date, fait escale quelques jours à Saint-Tropez. C'est le premier contact entre Français et Japonais. Je célèbre donc le 400ème anniversaire d’une première rencontre importante.
La deuxième raison, c’est pour rendre hommage à mon beau-fils Kunimitsu Masui qui m’a tant aidé lors de mes voyages. Il est aujourd’hui diplomate en poste à Paris pour 3 ans et le livre sera publié pendant son séjour chez nous.
• QJ : Vous souhaitez, je suppose, présenter votre expérience au Japon sous un angle nouveau, avec un regard différent. Quels sont-ils ?
o SK : Si vous me demandez quel est ce regard, je citerais une dédicace de Marc Riboud. « A Stéphane Korb, défenseur de toutes les libertés, surtout la sienne » et j’ajouterai qu’avec cette liberté de ton, j’ai souhaité opter pour un regard avec peu de propos généraliste, afin de montrer l’essentiel : une histoire qui a du sens et un thème pour raconter l’âme Japonaise.
« Japon : Carnets de voyages » est conçu pour faire comprendre la profondeur des sentiments et des motivations qui font que la société japonaise est si caractéristique,…, ou si étrange comme peuvent penser ceux qui la voient sans la regarder. C’est un livre qui essaie de comprendre plutôt que de juger ou de comparer.
J’évoque bien sûr des grands thèmes mais je me frotte à la rue, aux gens, à l’éducation, aux détails d’un lieu ou d’un quartier de Tôkyô, et, je dois le dire, aux bars du quartier de Golden Gai que m’a indiqués le cinéaste Chris Marker. Je détaille et je dévoile avec mes passions et un regard personnel forgés par 30 ans de reportages.
L’approche cognitive et instinctive que j’ai pu avoir, parce que je ne parle pas Japonais, m’a permis de m’adapter rapidement et d’en retirer un tel plaisir que j’ai voulu y retourner encore et encore. J’ai aimé la philosophie derrière la nourriture et la cuisine et évidement, le goût du saké. D’ailleurs Japon Carnets de voyage est préfacé par Toshiro Kuroda, qui est l’auteur du livre « L’art du saké », paru récemment aux éditions de la Martinière.
Au Japon, j’ai vécu une grande leçon de modestie sans rien renier de ce que j’étais. J’ai tout de suite été accepté autant que j’acceptais les nouveautés et les surprises que je découvrais chaque jour et j’ai voulu faire partager le monde japonais que j’ai rencontré aux Français que ça intéresse. La dose d’objectivité de mon récit est au moins égale à celle de la subjectivité. C’est comme ça que j’ai réalisé mes reportages pour la presse entre 1980 et 2000, et aussi mes précédents livres.
• QJ : Comment vous êtes-vous intéressé au Japon ?
o SK : C’est la vie qui doucement m’y a amené. Depuis 1980, le cinéaste Chris Marker me disait qu’il fallait que j’aille au Japon. Puis j’ai rencontré ma seconde femme dont la fille cadette étudiait le Japonais à l’INALCO. Elle a rencontré son mari, un beau garçon japonais directeur du JETRO et ils ont eu un fils, Théo. Dès que ce petit garçon a ouvert les yeux, je suis tombé sous le charme. Lorsque mon beau-fils a terminé sa mission, ils sont rentrés au Japon. C’était pour nous une séparation inconsolable, bien que nous avons 4 autres petits enfants adorables, et nous somme allés les voir deux à trois fois par an pour des séjours de plus en plus longs et de plus en plus intéressants. Aujourd’hui, Théo a 8 ans et deux petits frères, tout aussi mignons que lui. Il est à Paris avec sa famille jusqu’en juillet 2015 et j’en profite pour publier ce livre. Ensuite, je retournerai régulièrement au Japon parce que de nombreux aspects de la vie me correspondent.
• QJ : Avez-vous quelques anecdotes significatives qui vous ont marqué au cours de vos périples au Japon ? En quoi vous ont-elles marqué ?
o SK : Oui, il y en a vraiment beaucoup mais je ne vais pas les dévoiler ici puisque j’en fais un livre. Mais j’aimerais évoquer une jeune femme croisée furtivement début avril 2011 alors que la centrale de Fukushima était dans tous les esprits.
Près de la rivière Sumida, à chaque coup de vent, les fleurs de cerisiers tombaient en grande quantité et tourbillonnaient autour de nous. Apprécier la beauté fugitive de la nature a toujours été une constante dans ma vie d’adulte et comme tous les promeneurs, je me sentais à ma place. Cette floraison intervenait comme un message d’espoir dans une période chargée d’une menace réelle, invisible et profonde. Je me suis approché d’une jeune femme qui avait 6 petits bassets très discipliné qu’elle tenait en laisse, et lui ai demandé mon chemin. Après les politesses d’usage, elle m’a exprimé son bonheur de me voir et s’en est expliquée : « Tout les étrangers sont partis et vous, vous êtes venu nous voir ! ». Elle était très émue et ne pouvait pas le cacher.
Avant de se quitter ses yeux se sont remplis de frayeur et de larmes. « Qu’allons-nous devenir dans un mois, dans un an, dans 10 ans ? » m’a-t-elle demandé. Je n’ai pas su quoi répondre, alors je suis resté silencieux.
C‘était une rencontre très brève, mais parfois une rencontre marque plus qu’une autre par le contexte émotionnel dans laquelle elle se déroule. Nous n’avions pas dit un mot sur la menace, mais le sujet de cette peur était très clair et me concernait autant qu’elle. Mais moi, ayant les moyens de fuir, je n’ai pas pris la mesure de ses paroles. Elle me ramenait aussi à une simple constatation : la rumeur ignorante insinue que les Japonais sont froids et fermés. J’ai constaté le contraire. Ce jour-là, une Japonaise m’a ouvert son cœur spontanément et c’est moi, par bêtise ou par égoïsme, qui suis resté de glace.
• QJ : Comment vous est venu ce projet d'édition, suite ou pendant votre séjour ?
o SK : Tout ce que j’avais imaginé et tout ce que j’avais entendu était faux. Ce que je voyais transpirait un savoir vivre ensemble très ancré et un respect de soi et des autres que je ne pensais pas exister dans une société si évoluée. J’ai constaté que l’ouverture d’esprit était une valeur fondamentale japonaise. En plus, les villes sont propres. Pourquoi ? Eh bien, parce que les gens sont concernés. Il y a un sentiment de sécurité et de bien-être dans la rue, dans la foule, dans le métro, dans les files d’attente. Pourquoi ? Parce qu’il résulte de l’attitude de chacun.
Je n’étais pas attiré par le Japon et lorsque je m’y suis rendu, j’ai reçu comme une grande claque. J’ai photographié ce que je voyais, avec la même passion de découvrir, comme il y a des années, pour mes reportages, et j’ai très vite voulu le partager. Dans la presse, je n’avais plus aucun contact. J’ai tenté d’intéresser des éditeurs, qui m’ont tous fait la même réflexion : « amenez un budget et on édite votre livre ! ». Petit à petit, le défi s’est dressé devant moi et je l’ai relevé.
• QJ : Vous souhaitez partager quelque chose à votre public de lecteurs ? Vous pouvez nous en dire plus ?
o SK : Souhaiter partager un livre, c’est bien. Réussir à le partager, c’est encore mieux, mais pour ça, j’ai besoin des autres. Et même si l’association Mémoires d’Artistes est porteuse du projet, ceux qui vont décider de la sortie, ce seront les lecteurs.
Pour donner le maximum de chance à Mémoires d’Artistes Editeur, je fais un appel à tous ceux que le Japon intéresse pour qu’ils soutiennent ce projet de façon simple et immédiate, en préachetant un ou plusieurs exemplaires. L’association Mémoires d’Artistes a lancé une souscription qui est ouverte jusqu’en septembre 2014 et qui propose le livre avec 20% de réduction. Je crois que si l’association pouvait pré-vendre 400 livres, une bonne partie du budget de fabrication serait financé. Et s’il se trouve des sociétés qui souhaitent s’associer à ce projet c’est un moyen de communiquer leurs valeurs à travers le livre et les expositions, les vernissages et les communiqués de presse qui auront lieu. Déjà, les sociétés Print Team et Château l’Évêché grand cru et son Bordeaux Origami soutiennent le projet et je les en remercie.
o Comment contacter cette association ?
Il est possible de les contacter par le formulaire du site internet (www.memart.fr) et de commander les livres en téléchargeant le bon de souscription, ou bien en téléphonant au 06 27 37 15 31 pour avoir plus de renseignements.
Japon : Carnet de voyages - Textes et photographies de Stéphane Korb - Préface de Toshiro Kuroda - Parution septembre 2014 - Format 19,5 x 25 cm à la française - 192 pages. Environ 180 photos couleurs - Broché avec rabats - Prix public 36,80 TTC
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