Stéphane, responsable de Quartier Japon
En cette période de rentrée, comme chaque année, je reçois fréquemment des courriels de ce type "J'ai quelques connaissances en japonais et je veux prendre des cours Faux débutant. "
Quand je demande de préciser leur niveau en japonais, le nom du dernier manuel utilisé et de la dernière leçon vue, quasiment, à chaque fois, j'ai des personnes qui m'apprennent qu'elles ont appris en autodidacte, sur internet, avec certains sites spécialisés ou encore en apprenant elles-mêmes les syllabaires hiragana et / katakana. Ou par des amis ou encore en regardant des mangas...
Comment faire, face à ces personnes qui ont déjà certes un petit niveau, plus ou moins petit d'ailleurs, mais un niveau qui ne correspond pas à celui d'élèves ayant suivi des cours de japonais pendant toute une année ?
Certains comprennent tout à fait qu'il est préférable de reprendre l'enseignement à 0, mais ce n'est pas forcément le cas de tout le monde.
Quand j'en ai la possibilité et bien sûr, selon la disponibilité de mon interlocuteur, je leur raconte un peu de ma propre expérience, pour essayer de leur faire comprendre tout l'intérêt qu'il y a à reprendre à partir des bases.
"J'ai commencé à apprendre le japonais comme vous, en autodidacte, avec des manuels de japonais, dont "Le japonais en 40 leçons", qui m'avait le plus plu.
Et par un concours de circonstances, j'ai fréquenté un groupe franco-japonais chaque samedi, pour faire des rencontres et essayer mon pauvre japonais. A partir de cette expérience, j'ai pu être embauché au sein d'un centre culturel franco-japonais, privé, au sein duquel mon collègue japonais m'avait incité dès le départ à parler japonais avec lui, bien que je n'avais que quelques mots et quelques expressions seulement à ma disposition.
Je l'entends encore "Même si je ne comprends, même si tu ajoutes du français, même si tu fais des erreurs, ce n'est pas grave ! L'important, c'est que tu parles !!"
Grâce à lui, j'ai donc commencé à baragouiner, avec lui, avec mes autres collègues occasionnels japonais, ainsi qu'avec les clients venus du Japon, que j'allais parfois chercher à Roissy !!
Mais au bout d'un moment, j'ai bien senti que j'étais plus que limité et que je passais à côté de bien des choses. Et j'ai donc décidé de contacter une école de japonais, pour y prendre des cours !
On m'y demanda donc mon niveau et, comme j'avais déjà des connaissances, on me fit passer un petit oral, de but en blanc, avec la Responsable Pédagogique japonaise de l'école.
Après quelques minutes, eh bien, voilà le verdict : "C'est bien le problème avec vous, comme avec tous ceux qui ont déjà un petit niveau en japonais. Vous avez un niveau en dents de scie ! Cela veut dire que votre niveau n'est pas homogène...
Si vous savez certaines choses, comme vous présenter ou autres, il y a d'autres points pour lesquels vous n'avez pas le niveau, vous avez des lacunes.
Ainsi, pour un Japonais qui vous écoute, c'est embêtant, car il ne sait pas quel niveau de japonais employer avec vous. Il pense que vous maîtrisez bien le japonais, en vous entendant par exemple vous présenter et il vous parle dans ce même registre.
Mais rapidement, il voit bien que vous ne comprenez pas et il est perdu.
Aussi, il convient de lisser votre niveau en japonais, pour éviter cela et partir sur de bonnes bases, bien homogènes."
C'est donc ce que j'ai fait et j'ai intégré une classe, mais pas de niveau grand débutant, mais la suivante, car j'avais quand même déjà un certain niveau.
A présent que je maîtrise le japonais, quotidien dirons-nous, parfois, je regrette malgré tout de ne pas avoir repris dès le niveau 0.
Surtout si je suis fatigué, j'ai quelques soucis ou peut-être bien encore si cela correspondant à une phase d'apprentissage pendant laquelle je stagne voire même je régresse.
Eh bien, je ne me sens pas en confiance avec mon japonais sur des points de bases.
L'utilisation des post-particules appropriées par exemple.
Je pense à présent que si j'avais repris un enseignement depuis le départ, certes j'aurais revu des notions connues, mais au moins, je n'aurais pas cette sensation qui peut être désagréable."
C'est donc sur cette expérience, désormais, que je m'appuie pour conseiller ces débutants mais non débutants
Article publié initialement le 03/09/2018
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