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  • Photo du rédacteurMariama Sylla

Concours manga 2021 "Créez votre héros Virusator"

Dernière mise à jour : 24 avr. 2022


Stéphane, Responsable Projet– Quartier Japon

C’est en janvier 2021, en entendant un pédopsychiatre parler à la radio du mal-être grandissant des enfants et des adolescents face à la situation sanitaire compliquée, du fait de la pandémie de la Covid 19, et en me souvenant de l’importance de l’art dans les processus de thérapies, que m’est venue l’idée d’organiser le concours manga, qui deviendra « Créez votre héros Virusator ». Quoi de mieux, en effet, que de recourir au dessin, pour à la fois exorciser ses peurs et en faire quelque chose de constructif ; devenir ainsi en acteur plutôt que de subir sa peur ?! D’autant que le manga mobilise fortement les jeunes, comme je le constate à Quartier Japon, toujours davantage, année après année.

J’espérai ainsi que ce concours aurait les bénéfices suivants auprès des participants, de leurs familles et proches et de toute la communauté de « Quartier Japon » :

  • Ce concours serait le prétexte pour détourner les jeunes de cette situation sanitaire qui durait depuis une année, sans nous laisser vraiment de perspective de sortie, du moins dans l’immédiat,


  • Participer au concours pourrait leur donner une perspective autre que celle de subir et les motiverait à se tourner vers un avenir,


  • Imaginer leur héros pourrait également leur donner l’illusion d’avoir une prise sur la situation et sur cette pandémie, tout en les incitants à se révolter contre elle et mobiliser leurs ressources pour la dépasser,


  • Dessiner et concrétiser leur idée leur permettraient, pendant un temps, de mettre en place et d’ancrer de nouvelles connexions "neuronales", pour les aider à « penser à autre chose ».

Mais les élèves en manga de Quartier Japon, bénéficiaires supposés du concours, comme allaient-ils l’accueillir ?

Au début, hormis quelques parents, pas vraiment de retours. Jusque d’ailleurs deux semaines avant la date butoir de la remise des œuvres, peu de participants ne s’étaient signalés…

Mais, quelles furent en effet ma surprise et ma joie, de voir quasi juste au moment de la date butoir du concours, les courriels des jeunes et de leurs parents, pour m’envoyer en nombre leur dessin, leur planche manga, leur histoire… ; une véritable diversité d’œuvres !! 49 œuvres au total ! Les années précédentes, notre concours ne rassemblait guère que la moitié de participants ! Certains parents, dans leur courriel d’accompagnement du dessin de leur rejeton, m’écrivirent combien leur enfant s’était investi dans son dessin ! (retrouvez leurs témoignages sur notre page dédiée : https://www.quartier-japon.fr/cours-et-stages-de-manga/concours-manga-2021)

Regardez leurs œuvres, voyez combien sont parfois hideux leurs virus et combien sont héroïques et imaginatifs leur héros ! Majoritairement, leurs héros sont soignants, mais pas que. Voyez la créativité à l’œuvre dans leurs dessins et ressentez le dynamisme dans leurs traits et images ! Déjà, ils extériorisent et se projettent vers l’avant ; c’est déjà un premier geste vers une sortie, un retour à la vie ! Notre concours a d’ores et déjà porté ses fruits.

Merci à vous tous, les enfants, les adolescents, ainsi que les adultes - toujours enfants - qui avez relevé le défi et participé à notre concours. Merci à tous les parents et les amis, qui les avez encouragés dans leur projet. Bien sûr, un grand merci à leur professeur de manga préféré, David, pour toute l’aide et la sollicitude qu’il leur a apportées !

Stéphane Paumier



 
Catégorie 8 à 13 ans


Catégorie 14 ans et plus



Témoignage de David, manga (interview du 26/04/2021)

Depuis 2014, Quartier Japon et notre partenaire H3 Campus organisent un concours manga. Les années précédentes, il est ouvert aux seuls élèves de notre formation de mangaka. Nous avons, cependant, décidé d’ouvrir notre concours 2021 aux élèves de notre formation de mangaka, ainsi qu’à toutes les personnes ayant commandé et/ou participé à un atelier ou un stage de manga, en présentiel et distanciel, pour les remercier de leur compréhension, face aux nombreux changements de planning et de format survenus du fait de la situation sanitaire.

Quartier Japon : « Comment tu as accueilli l’idée du concours et du thème ? »

David : « Je n’y avais pas pensé. J’ai trouvé que c’était une excellente idée.

Déjà, cela fait un an que l’on vit avec cette pandémie et que l’on est privé de notre liberté. Et aussi, quand je suis avec les amis, la famille ou avec les élèves, il arrive toujours un moment où on va parler de la Covid et on ressort toujours quelque chose de négatif de cette situation dans laquelle on est. Ce que j’aime à travers ce concours, c’est que l’on va transformer ces ondes négatives en quelque chose de positif.

J’ai donc dit aux élèves, en leur parlant du concours, que l’on fait du dessin positif. Au début, des élèves avaient fait un dessin dans lequel, par exemple, la majorité de la population était exterminée par le virus et je leur ai dit que c’est trop négatif. Le héros de votre dessin va incarner quelque chose de positif : il incarne la vie après cette pandémie et il nous rend notre liberté ; il nous rend ce bonheur que l’on avait avant.


Q.J. : « Comment tu as accompagné les participants pour le concours ? »

D. : « J’ai beaucoup insisté sur le héros : il faut qu’il incarne l’espoir, il faut qu’en le voyant on retrouve l’espoir.

Il fallait qu’il soit un personnage original ; de le voir, cela nous rassurerait. Je leur ai donc donné des noms de mangas dans lesquels le héros incarne l’espoir, quand on le voir on a moins peur…

J’ai aussi insisté sur le fait que le méchant, qui représente la Covid, doit aussi avoir un côté imposant, terrifiant, car plus il sera imposant, plus il mettra en valeur le héros. Qu’est-ce que cela rendrait, s’ils font un héros charismatique, mais face à un méchant petit, insignifiant ? A l’inverse, si la Covid est terrifiante, cela nous génèrerait de la peur, quelque chose de malaisant (sentiment de malaise).

Quand on voit le héros comme charismatique, il nous donne de la force. Je leur ai dit aussi qu’ils peuvent prendre des héros du quotidien - un boulanger, un infirmier… - du moment qu’il soit charismatique, dynamique.


J’ai donné quartier libre aux participants : vous pouvez donner le pouvoir que vous voulez à votre héros et la façon dont il va user de ses pouvoirs. Et certains des participants m’ont vraiment bluffé, face aux pouvoirs qu’ils leur ont inventés.

Par exemple, Sofia (15 ans) a fait une héroïne devant une ville en arrière-plan, une ville fantôme, sans plus personne et envahie par les virus de la Covid. Dans cette ville, il y a une cage dans laquelle une personne est enfermée, pour nous représenter nous tous qui sommes enfermés. L’héroïne est une artiste, car elle a sur son dos crayon et pinceau et elle porte la cage. Ce qu’elle a voulu représenter, c’est que c’est l’art, l’imagination, la création ; c’est cela qui va nous sortir de cette situation, nous ouvrir la porte. C’est à la fois très créatif et poétique ; ça m’a impressionné !

Le piège de ce thème, c’était que les participants partaient, au début, trop dans le côté monstre du virus et super héros, pour le héros. Quand on part trop ainsi, on sort du sujet, car le thème du concours est la Covid et le héros Virusator. Il faut que dans leur héros et leur virus, ils mettent suffisamment d’éléments qui rappellent la situation et la Covid, pour ne pas être hors sujet. Au début, certains participants avaient faits des dessins avec des monstres et des héros, mais on ne voyait pas le lien avec la situation actuelle. Je leurs ai donc dit qu’il faut montrer même qu’un seul élément qui rappelle la Covid ; par exemple un pistolet-seringue ou, dans le dessin réalisé par Aurèle, un pangolin. Cela rappelle la situation et ainsi on reste dans le thème.


Au début quand le concours a été annoncé, c’était un peu difficile de les motiver. Je ne voulais pas trop aider les élèves de la formation de mangaka, que j’ai en cours chaque semaine, pour ne pas pénaliser les élèves du dimanche ou que je n’ai eus qu’en cours à distance ou en stage. Je les ai donc laissés faire leur dessin, mais les élèves n’avançaient pas. Comme tu m’avais dit, Stéphane, que je pouvais les aider, j’ai donc changé ma façon de faire à 10 jours du rendu des oeuvres, car il n’y avait pas assez de participants qui n’avaient pas fini leur dessin. Beaucoup voulaient participer mais ils bloquaient sur leur dessins : pas assez d’imagination, bloqué sur la composition…

J’ai donc consacré un cours (2h) du samedi et ou du mercredi au projet du concours :

  • Chacun des participants devait dessiner et m’envoyer son dessin pour que je leur donne mon avis : je les faisais travailler sur la compréhension du thème, la mise en avant du héros par rapport au méchant, ce qu’ils pouvaient améliorer dans leur dessin ; certains, cela les a beaucoup débloqués !


  • J’ai aussi insisté sur le point suivant, comme d’ailleurs chaque année, les années précédentes : au-delà de gagner le concours, ce qui est important, c’est de participer à des concours pour progresser, c’est une étape importante : vous êtes en concurrence pas par rapports aux autres mais avec vous-même ! Le dessin que vous faites cette année doit être meilleur que le dessin fait l’année d’avant pour le concours, pour les anciens qui étaient déjà à la formation de mangaka l’an passé, et celui de l’an prochain devra être meilleur que celui de cette année, pour ceux qui resteront l’année prochaine.

Q.J. : « Vous parliez de la situation ? Le concours, c’était l’occasion de parler de la pandémie ? Les participants en ont dit quelque chose ? »

D. : « Avant les cours, souvent, on fait un briefing sur la situation actuelle, comment cela se passe chez eux, à l’école, …, quand ils pourront retourner à Quartier Japon pour fait les cours en présentiel… Sur ce point, je leur explique que l’on suit les mesures du gouvernement ; nous sommes dépendants des choix du gouvernement. On n’a pas trop le choix que celui d’écouter.

Au-delà, pour les motiver, je leurs ai dit « vos dessins seront publiés sur les réseaux sociaux de Quartier Japon, les dessins de tous les participants - pas seulement les dessins des lauréats - et je suis persuadé que vos dessins vont faire du bien aux autres personnes qui les verront. Je suis persuadé que vous aiderez les autres par vos super héros ! Vous deviendrez à votre tour des super héros, par ce que vos dessins apporteront aux gens qui les verront ! »

C’est eux-mêmes, en fait, leur super héros, car ils vont faire du bonheur pour les personnes qui vont voir leur dessin. J’aime d’ailleurs bien cet aspect, car cela crée une union, un groupe entre tous les élèves.


Q.J. : « Vois-tu autre chose à ajouter ? Plus généralement ? »

D. : « Ce que j’ai adoré par-dessus tout, c’est que bien que les élèves étaient dans une compétition, un concours, ils n’étaient pas dans cet esprit mais dans un esprit d’entre-aide : aider leur prochain à réaliser son meilleur dessin. Quand on est passé en cours à distance, j’ai créé des groupes WhatsApp et tous se donnaient les uns les autres leur avis sur leur dessin et des conseils ; ils se complimentaient sur leurs dessins. J’aime cette philosophie.

Une autre chose : comme je le dis chaque année, par rapport à l’année précédente, le niveau de cette année a encore monté. Les élèves qui reviennent et participent au concours d’une année sur l’autre, chaque année, je vois leur évolution et je suis content que les élèves progressent, de voir leur évolution et que les cours leurs apportent quelque chose.

Le thème les a beaucoup motivés car on est tous dans cette même situation : on en a tous marre de cette parenthèse, de ce contexte bizarre. Dans leurs dessins, j’ai senti qu’ils ont dessiné avec leur cœur, avec leurs tripes. J’ai senti plus d’ambition chez eux que les années précédentes. Ils avaient plus de motivation ; surtout à la fin, à quelques heures avant la remise des dessins.

Les autres années, à l’approche de la remise, les élèves lâchent et certains abandonnent, car ils se disent qu’ils n’ont pas le temps de terminer avant la date butoir. Mais cette année, certains ont même fait une nuit blanche pour finir et beaucoup étaient ravis quand ils ont appris que Quartier Japon leur laissait le week-end prolongé de Paques pour finir. Les autre années, ils n’avaient pas cette gnaque ; le thème des années précédentes ne parlait pas forcement à tous, alors que cette année, que l’on soit petit ou grand, on vit tous la même chose, on subit tous la même situation. »









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