Récemment, alors que je séjournais chez des amis, dont la femme est japonaise, je lui dis « 御主人 (ごしゅじん – goshujin) » en parlant de son mari. En utilisant le préfixe de politesse « go », je savais être poli, tel que je l’avais toujours appris en cours.
Quelle ne fut pas ma surprise, de l’entendre me dire "Il n’est pas mon goshujin !
Car dire « goshujin » implique la notion de « maître », ce qui revient alors à dire « ton maître », au sens de celui qui te possède.
De même, elle m’explique que je ne peux pas dire d’elle qu’elle est « 奥さん (おくさん – okusan) » de son mari, malgré ce que j’ai pourtant toujours appris en cours. Car celui signifie « celle qui est au fond (oku) », au sens où c’était le cas de nombreuses femmes autrefois, puisqu’elles étaient toujours reléguées au fond de la maison, à y vaquer aux tâches ménagères. Elle ne veut donc pas être reléguée au rôle de "celle qui est au fond, à travailler pour son mari".
Même si ces deux appellations sont encore très largement utilisées au Japon, par les personnes extérieures au couple pour désigner le mari et la femme du couple, depuis que les Japonaises souhaitent être considérées, elles aussi, comme l’égale des hommes, les réactions de mon amie deviennent plus fréquentes.
Dans ce cas, comment dire « ton / votre mari » sans que cela ne heurte cette nouvelle sensibilité des femmes japonaises ? Cette amie se posait elle-même cette même question, sans pouvoir trouver de solution !!
Dans les documents officiels, on utilise les termes de « 夫 (おっと – otto) » et de « 妻 (つま – tsuma) », qui signifient respectivement mon mari et ma femme, lorsque ce sont les personnes concernées qui l'emploient. En effet, en japonais, une personne extérieure ne peut bien sûr pas utiliser ces mêmes termes.
Certains Japonais ont pu trouver un moyen de contourner la difficulté en utilisant les termes anglais « your husband/wife », mais c’est là recourir à des mots étrangers, non japonais.
En japonais, il existe d’ailleurs bien d’autres appellation que l’on pourrait utiliser pour parler de mon mari/ma femme, mais elles renvoient toutes autant à cette même relation « maître – possession de la femme ».
Par exemple,
« 旦那 (だんな – danna) ou 旦那さん (だんなさん – danna san), qui renvoie plutôt à maître de la maison.
« 亭主 (ていしゅ – teishu) , qui renvoie quant à elle à maître du magasin.
C’était d’ailleurs jusqu’à il n’y a pas si longtemps, la relation en cours au sein des couples japonais, comme d’ailleurs dans de nombreux autres pays !
Au Japon, il n’y a pas d’académie, telle que l’Académie Française en France, qui pourrait proposer une nouvelle appellation, pour désigner votre mari/votre femme, sans qu’elle ne sous-entende cette notion de possession de l’homme sur la femme, qui pose actuellement problème à un nombre de plus en plus important de femmes japonaises.
A défaut, ce sera assurément la rue et les jeunes, qui inventeront prochainement une appellation, qui sera désormais adaptée aux nouvelles relations sociales au sein des couples.
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